100 heures de Zoom en 3 semaines : comment soigner votre migraine? 

Pourquoi les modes de télétravail ‘forcé’ liés au confinement ne sont ni pérennes, ni représentatifs du futur du télétravail généralisé. Et quelques pistes pour commencer à télé-travailler dans de bonnes conditions.


Est-ce ainsi que les hommes télétravaillent?

Après 3 semaines de confinement, voilà le feedback que j’ai le plus entendu : “Je passe ma vie en visio, jamais autant bossé. Je suis épuisé“. 
Fatigue, stress, mal de tête, le moins qu’on puisse dire c’est que le bilan est peu enthousiasmant.

Inquiétude pour ses proches, pour soi. Crainte des conséquences économiques à venir, sans nul doute terribles, nécessité de faire des choses dans l’urgence et l’impréparation. La situation est indiscutablement stressante.

Et à la vérité, hormis les toujours nombreux experts, visionnaires et donneurs de bons conseils (dont moi?), peu de gens se réjouissent en privé de ce passage forcé au télétravail. “C’était quand même mieux avant !


Il faut imaginer le télétravailleur heureux

Mais si nous acceptons l’augure d’un basculement significatif vers (beaucoup) plus de télétravail dans un futur proche, la bonne question devient “Mais comment télétravailler dans de bonnes conditions.. de façon pérenne?“. C’est à dire, ni dans l’urgence, ni dans la contrainte qui nous fait accepter des choses que nous savons totalement inadaptées... faute de mieux. 

Ce monde du télétravail heureux existe déjà ! Ses promoteurs se comptent naturellement parmi les entreprises de la tech qui vivent dans un monde de produits et de services totalement dématérialisés et où la compétition pour les talents est mondiale.

Parmi elles, Automattic, la société à l’origine de Wordpress, qui alimente 35 % de tous les sites web sur Internet, compte 1 170 employés répartis dans plus de 75 pays et parlant 93 langues.. et n’a pas de siège social. Son CEO Matt Mullenberg est un fervent promoteur du télétravail et de la culture du travail distribué (Remote work and Distributed Culture), de ses bienfaits, de ses opportunités et de ses contraintes. 

Sa description de 5 niveaux (à écouter ici) est un bon point de départ pour comprendre le chemin à parcourir pour atteindre le nirvana... 

1. Le télétravail non intentionnel : dans les faits, rien n’est pensé pour favoriser le télétravail, même si des outils sont en place pour le rendre possible par exception (laptop, VPN).
2. Récréer le bureau physique en ligne : Des outils deviennent disponibles et recommandés, MS Teams, Zoom, les emails... Et on essaye de recréer les interactions habituelles (réunions, conversations informelles, ateliers de travail…). Par exemple, tout le monde est censé être disponible aux horaires.. de bureau, et travailler de façon synchrone. 

Le confinement marque pour une vaste majorité d’entreprises un passage du Niveau 1 au Niveau 2. A noter, Matt Mullenberg remarque que souvent le niveau 2 est MOINS efficace que le niveau 1. Car on perd des choses du monde physique (par ex. la communication non verbale) , sans trouver de bénéfices au distant... 
Et ce mal de tête, ça va mieux ?

3. S’adapter au Medium : les même outils sont utilisés avec plus de discernement et plus d’efficacité, en fonction des leurs bénéfices spécifiques, avec une préférence pour l’écrit. M.Mullenberg prend l’exemple d’une réunion de travail, où les participants notent leur remarques pendant le call sur un document partagé sur un GoogleDoc (ou via FluidityApp si l’analyse sémantique Temps Réel des commentaires apporte de la valeur 😉). Moins de malentendus, moins d’interruptions, une expression collective plus équilibrée et pas de corvée de prise de notes. Au niveau 2, les gens investissent dans des détails qui n’en sont pas : qualité audio, ‘étiquette’ en ligne...

4. Asynchrone : l’écrasante majorité des échanges se fait de façon asynchrone, par écrit. Ce mode de travail respecte la diversité des modes de travail individuels et permet des échanges plus pensés, moins émotionnels. La conséquence est que les décisions prennent un peu plus de temps… mais sont plus réfléchies et donc meilleures. 

Il y a un même 5ème niveau, “le Nirvana” (qui permet de faire des squats entre 2 confcalls et de participer à des réunions tout en faisant de l’elliptique)


S’adapter au medium

Pour s’échapper du Niveau 2, votre priorité numéro 1 est donc de vous “adapter au medium”, c’est à dire de réfléchir aux types d’échanges avant de choisir les outils adaptés.
L’article collectif "The Pyramid of Remote Team Communication Tools"  de l’équipe qui a crée les outils Doist et Twist en donne une excellente illustration, très concrète :

. Utiliser des media spécifiques et distincts pour l’urgent (messagerie, téléphone) vs Important (visio, email), , idem pour le formel (email, visio) et l’informel (messagerie).
. Privilégier l’asynchrone sur le synchrone à chaque fois que c’est possible
. Utiliser des outils spécifiques pour travailler les contenus de façon collaborative (qu’ils soient graphique, texte, code…)
. Construire de façon volontariste des échanges physiques entre les équipes, avec comme objectif unique et spécifique de créer du lien

Le choix des outils - comme toujours - compte bien moins que l'usage qui en est fait.


Oui, mais nous, c’est pas possible de travailler comme ça.


Vraiment ? Pour tous ceux ont une activité non essentielle (moi assurément, vous peut-être...) qui se prête au télétravail (pour être plus vendeur, parlons de “knowledge workers”), les dernières semaines ont prouvé le contraire.

Autant en profiter pour commencer à construire un futur sans migraine. 

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